J'ai même le droit à la classe affaire pour mon retour. Il est vrai que je commence à occuper un certain volume.
Mon père m'attend à l'aéroport, il est six heures du matin.
J'ai toujours aimé ces retours à l'aube, quand nous rentrons en passant devant le château de Chantilly qui est magnifique, encore noyé dans les brumes matinales.
Mon père fait une drôle de tête dans la voiture et il m'annonce que l'amie avec qui il vivait depuis bientôt dix ans, le quitte aujourd'hui. Effectivement, arrivée à la maison, je m'installe avec mon gros ventre sur mon vieux fauteuil pour contempler, ébahie, une bande de déménageurs en train de vider la maison.
Les murs appartiennent à mon père et les meubles à son amie, donc à la fin de la journée, nous nous retrouvons dans une maison pratiquement vide et en travaux. Heureusement qu'il me restait quelques meubles de ma vie antérieure, j'aurai au moins un lit pour dormir ce soir.
La maison est trop grande et trop chère pour mon père seul et au retour de David, une semaine plus tard, nous décidons de nous y installer.
Dès le lundi, je vais voir ma gynécologue, mon ventre commence à tirer sérieusement.
Elle m'examine et me donne le choix entre me coucher maintenant ou accoucher à sept mois ! Il semblerait que j'ai un peu trop exagéré dans mes activités.
La prochaine échographie confirme que c'est un petit bébé.
Pendant le mois qui suit, je tente de rester allongée au maximum, mais c'est difficile quand on doit acheter une voiture, des meubles, finir le carrelage, les papiers et la peinture dans toute la maison, sans oublier d'aménager la chambre de bébé et de lui acheter sa garde-robe. Je bous intérieurement tout en regardant mon père et David s'escrimer autour de moi et je leur donne prudemment un petit coup de main de temps en temps.
Un mois plus tard, je me dis que trente jours est une " prématuration " tout à fait acceptable et je décide de me remettre à vivre normalement. Il vaut mieux un bébé prématuré qu'une mère à l'asile où je finirai bientôt à ce rythme.
Et malgré tout, malgré une visite guidée de Paris à trois jours du terme avec des copains australiens en voyage de noces, malgré le papier peint (complètement déconseillé enceinte !!),
malgré les magasins, malgré la peinture, la rénovation d'une table ancienne, le rangement des malles du Nigeria, malgré le tri de mes affaires qui dorment au grenier depuis des années et malgré toutes les autres imprudences, Charlotte ne se décide à montrer le bout de son nez que quatre jours après le terme supposé et n'est pas du tout le petit bébé promis.
Le vrai portrait de sa mère, dès le premier jour elle fait le contraire de ce qu'on attend d'elle.
Pour mon bébé, j'accomplis ce que personne n'avait réussi à me faire faire jusqu'à présent, je me comporte comme une mère de famille, femme au foyer. Ma vie est régulée par l'heure des tétées, les courses, la cuisine et le ménage.
Tout est nouveau pour moi, je suis passée de la vie d'étudiante en cité et resto-U, à la vie d'assistée en Afrique. C'est la première fois de ma vie que je dois tenir une maison, un budget, m'occuper d'un enfant moi qui n'avais jamais changé une couche auparavant, sortir les vêtements d'hiver qui n'ont pas servi depuis cinq ans. Mais je dois aussi surmonter cette énorme fatigue liée à l'accouchement et au changement radical de vie que je subis depuis quelques mois.
J'ai même craint pendant un moment que notre couple en souffre, après tout nous avions toujours vécu en Afrique avec assez d'argent pour ne pas avoir peur des fins de mois et du personnel plein la maison. Il va falloir maintenant, trois ans après le début de notre vie commune, s'initier à ce que tout le monde apprend en quittant la maison parentale : conjuguer nos fouillis respectifs afin que notre maison reste vivable.
Comme dans tous les couples qui s'installent, chacun y met du sien, fait d'énormes concessions et nous réussissons assez bien à réapprendre la vie en France.
Charlotte a trois mois, nous lui avons trouvé la meilleure nourrice du monde (du moins il faut bien nous en convaincre car dorénavant Charlotte passera plus de temps avec elle qu'avec ses parents), et je repars au travail le pied vaillant.
Je suis confrontée à la déchirure de la séparation
comme toute maman qui abandonne son bébé pour retourner travailler mais je sais
aussi que je ne serai pas heureuse à la maison malgré tout l’amour
que je peux ressentir pour ce petit être qui a tant besoin de moi.
Je suis passée une dizaine de fois au siège depuis que j'ai rejoint cette compagnie, mais c'est la première fois que je vais y travailler. Je m'abonne aux embouteillages de banlieue, à l'heure de transport obligatoire, tout en contribuant à la pollution ambiante.
Dès mon arrivée, Isabelle, ma chef me donne un appel d'offres sur un chantier en Chine. Ça démarre.
Mais je voudrais tout de même parler un peu de Isabelle, après tout, c'est la première fois que je travaille avec une autre femme. Ingénieur, elle a commencé sur les chantiers en France avant d'être affectée au siège. Elle occupe maintenant la position de responsable des appels d'offres à l'export et est le bras droit de Didier au siège.
Elle travaille ici depuis environ dix ans et a su concilier carrière et travail puisque avec trois enfants en bas âge, elle travaille à temps partiel. On dit également qu'elle a un très fort caractère. A chaque fois que je serai présentée à quelqu'un avec qui elle a déjà collaboré, je serai qualifiée comme "quelqu'un de pire qu'Isabelle".
J'imagine que c'est une référence. Je suis d'ailleurs persuadée qu'on la présente de la même manière par rapport à moi.
Notre département non seulement compte des femmes mais en plus elles sont traitées à l'égal des hommes au niveau des perspectives de carrières et salaires. Nous n'avons même pas matière à nous syndiquer pour défendre des droits que nous avons déjà.
C'est la première fois que je ne me retrouve pas dans une situation de pionnière et c'est agréable d'avancer sur des sentiers déjà battus. Personne ne s'étonne quand j'arrive en retard parce que Charlotte est malade ou quand je râle à propos d'une réunion qui s'éternise le soir car je dois récupérer ma fille.
Mais les réunions s’éternisent tout de même et
heureusement que j’ai trouvé une véritable perle qui
garde ma fille à dormir quand je prévois de rentrer tard, ce
qui arrive malgré tout assez régulièrement quand on travaille aux
appels d’offres.
Isabelle et moi mangeons souvent ensemble et nous pouvons avoir des tête-à-tête de femmes avec de passionnants échanges de points de vue sur le dernier modèle de nos couches culottes favorites même si nos conversations tournent plus souvent autour du travail ou autre sujet politique.
Nous ne nous voyons jamais en dehors du travail ; en effet si nous nous entendons très bien au bureau et partageons la même manière de voir les choses sur nombre de sujets délicats comme la place de la femme dans une société de travaux publics, nous n'avons que peu de centres d'intérêt communs et occupons nos loisirs de manière très différente.
Isabelle est très bien éduquée quand mon vocabulaire, après trois ans de plates-formes pétrolières est loin d'être châtié. De même je me permets des plaisanteries pas toujours fines qui auraient plutôt tendance à la faire rougir. Mais cela n'empêche en rien une excellente collaboration professionnelle et nous nous acceptons mutuellement telles que nous sommes.
Quelques mois plus tard, Isabelle nous quitte, afin d'agrandir sa famille encore un peu. En son absence, je passe mon temps à refuser sa succession qu'on essaye de m'adjuger automatiquement sous prétexte qu'une femme ne peut être mieux remplacée que par une autre femme.
Je déclare forfait très rapidement pour la gestion du pool de secrétaires dont l’harmonie au bureau
tient plus du numéro d’équilibriste que du bon sens qui m’avait tant servi en Afrique.
Je suis fortement occupée par les appels d'offres successifs et les déplacements que je dois effectuer dans différents pays. Ces voyages me font du bien et m'aident à supporter cette vie de sédentaire. Je me contenterais assez facilement d'une vie en France si j'avais la possibilité de quitter régulièrement mon bureau comme je le faisais au Nigeria pour aller sur le chantier ou pour rendre visite au client.
Les déplacements sont toujours une occasion de jongler entre la nourrice et les grands-parents
que j’appelle régulièrement à contribution arguant du fait qu’ils doivent
profiter de tous les moments qu’ils peuvent passer avec leur petite fille avant
que nous ne repartions.
Notre vie sociale est très réduite car nous connaissons peu de monde ici et l’anglais fait partie de nos critères de sélection. Le français de David ne lui permet pas encore suivre une conversation. Je n'ai pas la patience d'inviter des gens et de jouer au traducteur simultané toute la soirée. Il est également assez difficile de se lier d'amitié avec des gens qui ont peu voyagé et
qui ont en général une vision du monde très différente de la nôtre. Nous avons été riches dans un pays où la population est pauvre, nous avons été confrontés à des situations extrêmes, nos caractères se sont forgés et notre philosophie de la vie est irrémédiablement transformée.
Notre système de référence est faussé par rapport à nos compatriotes et si nous ne
pouvons pas leur reprocher de dramatiser des faits quotidiens qui nous semblent
dérisoires au vu de ce que nous avons vécu, nous avons du mal à nous y
intéresser. A l’inverse, nous avons
beaucoup de difficulté à raconter nos aventures, nous avons peur de ne pas être
compris et de passer pour des extra-terrestres. Peut-être écrirai-je un livre
sur le sujet un jour !
Alors nous vivons un peu reclus et ne voyons quasiment que la famille en dehors du travail.
Depuis quelques temps, on m'a demandé de suivre un correspondant au Maroc qui pense pouvoir nous décrocher des contrats intéressants. La personne est assez expansive et a déjà usé deux collaborateurs quand on me met en charge.
Il faut savoir garder son sang-froid en sa compagnie mais l’exercice ne me semble
pas beaucoup plus difficile que mes séances nigérianes. Il s'avère rapidement qu'il est impossible de juger des opportunités sans aller sur place.
Je décide de passer une semaine à Rabat. David et Charlotte m'accompagnent. Nous partons dix jour, en nous débrouillant pour passer deux week-ends sur place.
Tous les matins, je sors tôt de l'hôtel, en tailleur et l'attaché case à la main.
Une heure après, mon mari descend en short, avec un bébé de six mois dans les bras. Nous faisons sensation dans ce pays où
la femme a besoin de l’autorisation de son chef de famille pour pouvoir
travailler.
J'ai emmené un collègue qui a une bonne connaissance du pays. Au retour nous donnons un avis négatif, nous n'apporterions rien d'innovateur par rapport aux sociétés concurrentes et
le contexte politique semble si compliqué que nos chances de succès sont plutôt
faibles.
Dans tous les cas, s'ils décident de poursuivre, ce sera sans moi. Ils m'avaient en effet fait miroiter le poste de direction de la future filiale potentielle. Le projet sera abandonné.
Enfin, j'arrive à prendre de grandes vacances à Noël, nous partons un mois en Nouvelle Zélande.
Au dernier moment, Didier a essayé de me faire reporter mes congés car un énorme projet
(le plus gros jamais traité à ce jour par le département, en collaboration avec un partenaire américain)
dont je suis responsable, vient de débuter. Je lui assure de nouveau que nous avons six mois pour la remise du prix et que je compenserai ultérieurement pour ce mois de vacances, dusses-je travailler jour et nuit.
Mais il insiste jusqu'à ce que je lui réponde : "Ces vacances sont prévues depuis six mois, je ne peux pas annuler car toute la famille de David sera réunie, donc la question n'est pas : Est-ce que je pars en vacances ou non ? Je pars en vacances.
La question est : Est-ce que j'ai encore un emploi quand je pars en vacances ?" Didier, écœuré : "Aucun moyen de te mettre la pression, pars". Et je suis partie, et le prix a été remis dans les temps en juin.
Charlotte a tout juste un an et visite pour la première fois la terre de ses ancêtres.
A la grande joie de toute la belle-famille et de David qui est enfin de retour parmi les siens dans un pays où il comprend la langue et où aller chez le boulanger n'est pas une épreuve.
Nous arrivons juste à temps pour la grande fête familiale que nous suivons dans un demi-coma,
faisans de notre mieux pour absorber les douze heures de décalage horaire et
pour maintenir Charlotte éveillée.
Quatre semaines plus tard, nous rentrons reposés malgré les douze heures de décalage, les trente heures de voyage seule avec une petite fille qui pense que l'avion est bien trop amusant pour dormir et qui passera tout son temps à parcourir les allées avec maman derrière (la patience des autres passagers a ses limites).
Le jour même de mon retour, le temps de déposer ma fille et les valises, de
prendre une douche rapide et je retourne au travail, comme promis pour attaquer cet énorme appel d'offre. Pour ce faire, je dispose de jeunes embauchés que je dois former. Ce qui met ma célèbre patience à très rude épreuve.
Il est vrai que c'est beaucoup plus facile que de travailler avec des Nigérians, mais je n'ai jamais eu l'âme d'une professeur et je me suis d'ailleurs toujours jurée de ne pas enseigner à moins d'y être contrainte et forcée.
En plus, ça me vieillit, je passe du statut de benjamine du bureau à celui d'ancienne qui utilise
sa grande expérience pour donner les bases à de jeunes gens frais émoulus de l'école d'ingénieur et en partance pour le Nigeria.
Nous partageons un grand bureau et comme d'habitude personne ne s'imagine que je puisse être la responsable du projet.
Ainsi quand je décroche le téléphone à la place d'un de mes collaborateurs absent,
l'interlocuteur me traite en général à peine poliment pensant sans doute que je suis la secrétaire du service.
Puis quand, au fil de la conversation, ils réalisent l’étendue de ma
connaissance du projet, ils finissent par me demander qui je suis. En entendant
mon titre, il y a un blanc au bout du fil juste avant le flot d’excuses.
J’arrive maintenant à rire de ces anecdotes, mais je regrette de n’avoir que le son et pas l’image.
Nous avons mis rapidement le deuxième en route, afin de ne pas rester trop longtemps en France. David supporte de moins en moins de ne voir sa famille qu'un mois sur deux même si Charlotte le reconnaît maintenant.
Et c'est enceinte jusqu'aux yeux que je pars avec Didier finaliser l'appel d'offres aux Etats Unis. Les chiffres en jeu sont colossaux, je panique un peu a l'idée de la responsabilité qui m'échoit et des conséquences en millions de dollars du moindre oubli. Nous travaillons de longues heures et la nuit je me réveille encore en me demandant si je n'ai rien omis. Quand je me pose ces questions, je ne retrouve le sommeil qu'une fois avoir rallumé l'ordinateur et vérifié mes fichiers. Ces chiffres me donnent le tournis.
Pendant ce voyage, Didier apprend la démission de Bruno. Bien qu'il nous ait prévenus auparavant, le coup est rude et Didier me dit que si je n'étais pas enceinte, je serai déjà dans l'avion pour le remplacer. Est-ce une boutade ou une offre sérieuse ? Je ne le saurai jamais car même si l'offre est très alléchante et les responsabilités énormes pour une personne de mon âge, je pense que ce poste est incompatible avec ma vie de famille.
Au final, quand je pars en congé de maternité, je n'aurai travaillé que dix-sept mois en France.
J'ai clairement exprimé à plusieurs reprises que je n'ai pas du tout l'intention de rester en France et de retourner au siège à la fin du congé. David et moi demandons à nos compagnies respectives une affectation permanente, si possible dans le même pays.
Didier, quand il eut réalisé que j'étais sérieuse, se montre une fois de plus très conciliant et m'indique les pays dans lesquels il serait prêt à ouvrir une mission de développement pour moi si David y était envoyé.
David va voir BOITE pour leur dire qu'il veut être transféré en Asie avec une préférence pour les pays qui intéressent ma compagnie.
Et nous débarquons en janvier 97, avec Charlotte, ses deux ans tout neufs et Maëlle tout juste trois mois, à l'aéroport de Jakarta.
Didier a bondi quand on lui a annoncé le transfert de David en Indonésie, en effet, nous y avons un bureau de représentation ouvert depuis trois ans. La personne en charge est rentrée en France un an plus tôt et ne fait plus que de brefs séjours en Asie, le temps de payer les factures de fin de mois.
Non seulement je pars dans un pays où Didier envisageait de renvoyer quelqu'un à moyen terme mais en plus j'arrive dans une structure déjà existante avec un bureau, une secrétaire et un fichier client qui n'est plus à jour mais qui permet de démarrer.
Je m'attaque à un nouveau challenge : venir vendre ma compagnie dans un pays dont je ne connais ni les règles, ni la tradition, ni la manière de penser mais qui me semble très difficile à aborder.
Le premier mois, je ne travaille guère, je solde mes derniers congés de France et en profite pour tenter de nous installer. Nous qui pensions trouver une maison très rapidement affrontons un vrai parcours du combattant.
Nous nous installons deux mois et demi plus tard, après avoir visité une centaine de maisons, choisi cinq qui étaient toutes déjà prises, trouvé la maison non pas de nos rêves, mais à proximité de l'école, des bureaux, de taille et de prix convenables. Choisir une maison tient de la foire d'empoigne et nous passons par une dizaine d'agents avant de trouver le bon. Le tout en faisant en général garder Charlotte par le personnel de l'hôtel et avec Maëlle sous le bras.
Quelques jours après notre arrivée, je suis avec mon chauffeur, Jayadi, à la recherche d'une adresse.
Ce chauffeur travaillait déjà pour mon prédécesseur qui m'en a dit le plus grand bien. Je réalise que nous sommes en train de tourner en rond et que Jayadi manifestement ne connaît manifestement pas le chemin. Il ne parle pas anglais et je ne parle pas encore Indonésien, nos échanges sont très limités.
Je prends une carte, arrive à localiser notre destination et commence à indiquer le chemin à grands renforts de gestes. Nous arrivons à bon port quelques minutes plus tard.
De retour au bureau, la secrétaire m'appelle et me dit que Jayadi veut démissionner. Apparemment, je l'ai vexé en lui montrant la route.
Par l'intermédiaire de la secrétaire qui joue à la traductrice, j'arrive à le convaincre de rester en faisant preuve de trésors de diplomatie. Bienvenue dans le pays !
Par la suite, il prendra l'habitude de s'arrêter et de me demander de le guider quand nous serons perdus.
Un mois plus tard, je suis organisée, personnel employé pour garder enfants et maison, je peux commencer le travail.
Nous venons à peine de nous installer dans notre maison et de recevoir nos affaires de France que le personnel qui avait pris l'habitude de la vie facile à l'hôtel, me demande une augmentation massive. Je suis assez au fait des salaires locaux pratiqués et je trouve leur demande exagérée. Ils démissionnent tous en bloc, sans préavis ni dire au-revoir aux enfants qu'ils gardaient depuis plus de deux mois.
Je suis plutôt choquée par leur manque de sensibilité que par les problèmes qu'ils me créent.
Je donne Charlotte à garder à ma nouvelle voisine, française, mère d'une petite fille du même âge, et j'emmène Maëlle avec moi, la donnant à garder à Jayadi ou à la secrétaire.
Heureusement, cette situation ne dure pas trop longtemps et nous arrivons rapidement à retrouver des employés de maison, en ne renouvelant pas l'erreur de les prendre de la même famille cette fois.
Mon prédécesseur revient et organise un cocktail de départ pour lui, de bienvenue pour moi, qui me permet de rencontrer ses contacts principaux. Il en profite également pour inviter quelques partenaires à déjeuner et me laisse, nantie de ce carnet de visite pour commencer mon travail.
Je trouve très pénible de rentrer en contact avec des futurs clients pour présenter ma compagnie, c'est très différent des contacts sur chantier où nous avons un sujet technique commun. Là, je vais à la pêche aux renseignements et il faut une foultitude de rencontres infructueuses pour mettre la main sur une information d'un intérêt quelconque.
Il faut aimer passer beaucoup de temps pour des résultats minimes et faire preuve de beaucoup de patience et de diplomatie, deux de mes qualités principales, c'est bien connu !
Je suis invitée à des cocktails où la plupart des participants pourraient être mon père et où je suis bien entendu la seule femme. Et quand David passe la soirée dans mon club, il ne s'agit pas de couture ou de broderie mais du club des pipeliners.
Je reçois également tout un paquet de parasites. Ce sont en général des expatriés venus un jour pour un projet, tombés amoureux de l'Asie dans sa globalité ou d'une de ses représentantes en particulier. Une fois leurs contrats finis, ils restent et tentent de survivre en faisant des petits boulots.
Ils ont pris notre bureau pour cible, assurant avoir des contacts très haut placés qui leurs permettraient théoriquement de nous décrocher à coup sûr des projets. En tout cas ils y gagnent déjà un repas. Bien qu'ayant conscience de l'étendue des services dont je me prive, ma première mission sera de leur signifier très rapidement l'arrêt de notre collaboration.
Ma vie professionnelle est rythmée par les visites au poste économique, aux futurs clients potentiels, aux partenaires, mais malgré un voyage à Singapour et l'étude d'un projet avec la raffinerie, je ne me sens pas à l'aise dans cette position. Je manque de concret.
J'aime les relations clients mais autour d'un projet et non pour préparer le futur.
Huit mois plus tard, quand Didier m'appelle pour me dire qu'il ne va pas pouvoir maintenir le bureau une année de plus, je n'ai toujours pas de résultat concret à lui présenter, ce qui est assez normal mais très frustrant.
La crise asiatique est en train de commencer, personne ne sait si les projets vont être maintenus, notre société mère vit une année difficile et la tendance est à couper dans les dépenses, particulièrement celle d'un bureau de représentation englué dans la crise au bout du monde.
Je suis plutôt soulagée de pouvoir mettre un trait sur cette expérience décevante. C'est la première fois que je ne me sens pas à la hauteur de ma tâche et je suis contente d'être obligée de m'arrêter avant de devoir déclarer forfait. Au moins je sais maintenant que je ne suis pas faite pour cette fonction.
On me donne le choix entre repartir au Nigeria ou rentrer en France. Bien sur, David reste en Indonésie et je choisis une troisième solution : Je prépare mon CV et me voilà de nouveau sur les routes à la recherche d'un emploi.
Je décroche de vagues promesses de possibilité de postes mais rien de sérieux jusqu'à ce que se libère une position de chef d'agence d'une compagnie sœur. Le responsable, choqué de n'avoir pas pu revoir son père mort soudainement en France, a donné sa démission sans préavis.
Le poste est libre immédiatement, c'est un profil qui me correspond, un travail qui promet d'être excitant, de retour à l'action, enfin !
Le timing est très mauvais et je ne peux passer qu'une semaine à mon nouveau bureau avant les vacances. Nous avions prévu de partir pour un mois en Nouvelle-Zélande et finalement je ne partirai que quinze jours et rentrerai avec Maëlle, laissant David derrière moi avec Charlotte.
Le travail est à la hauteur de mes espérances et même plus. Mon prédécesseur n'était pas féru d'organisation et tout est à agencer.
Quand je rentre dans mon nouveau bureau, je trouve des piles de documents en tout genre
qui jonchent le bureau, les meubles de classement et tout autre espace libre.
Sur une même pile, on retrouvera un vieux journal, un contrat original, suivi
d’une enveloppe usagée. L’avantage est que ce classement forcé me permet de me
mettre au courant des différents projets de la société, n’ayant pas pu faire de
passation. Je passe ma première semaine à ranger les papiers et les trois mois qui suivent à restructurer la
compagnie.
Ce qui inclut la refonte des statuts, l'embauche d'une comptable et mise à jour de la comptabilité, la réécriture, négociation ou renouvellement de tout contrat client existant, la remise à jour des contrats des employés, l'achat d'ordinateurs, la formation au classement de la secrétaire etc. Nous prenons un partenaire indonésien qui nous apporte ces contacts locaux et doit nous aider à développer l'activité. Je travaille jours, nuits et week-ends pour remettre l'agence sur pied.
Je dirige environ quatre-vingt personnes et j'applique ma méthode habituelle de la main de fer dans un gant de velours qui a l'air de bien passer malgré la démission du numéro deux Indonésien, démission qui m'arrange quand je cherchais le moyen de me débarrasser de lui sans provoquer une grève générale de mes ouvriers. Je lui ai mené la vie dure pendant quelques temps avant qu'il ne craque.
Bien qu’épuisée, je suis heureuse dans mon travail, je retrouve enfin des responsabilités
opérationnelles et tous les tracas et impromptus qui rythment la vie des
dirigeants d’entreprise. Je ne regrette absolument pas la retraite dorée que je
viens de quitter.
Après trois mois de cette cadence éreintante, mon supérieur m'invite à Singapour pour, paraît-il,
parler chiffres. Il me demande de ne surtout pas en référer au directeur indonésien.
Je m'imagine qu'il veut peut-être m'embarquer dans un coup un peu tordu alors qu'ils sont en pleine négociation sur le pourcentage du partenariat.
Je pars avec tous les papiers que j'ai pu récupérer pour m'entendre dire après cinq minutes de réunion qu'ils ont l'intention de fermer l'agence et qu'ils me donnent trois mois pour régler tous les détails. Lesquels détails incluent accessoirement de mettre quatre-vingt personnes à la rue !
Ils m'invitent ensuite à manger au restaurant du Raffles, l'hôtel légendaire si célèbre de Singapour. Est-ce pour éviter que je leur fasse une crise de larme en public qu'ils m'emmènent dans l'endroit le plus huppé de la ville ? C'est vrai que la gamme de réactions d'une femme face à une mauvaise nouvelle peut être très variée, comme chacun sait.
La roupie s'est dévaluée quatre à cinq fois en trois mois et nos revenus étant en monnaie locale, mon salaire en dollars devient impossible à payer sur les seuls bénéfices. Mon action marketing n'est plus utile dans un pays qui a retardé ou annulé la majorité de ses projets d'envergure.
Je leur démontre chiffres à l'appui qu'il est aberrant de fermer car les primes de licenciement seraient largement supérieures aux biens de la société. De plus, nous ne pourrions pas revenir par la suite car l'Indonésie ne pardonnera pas facilement à ceux qui l'ont abandonnée. En échange, je leur propose de vendre ou même de donner l'entreprise à notre partenaire.
Ils semblent attirés par l'idée mais veulent y réfléchir avant de donner une réponse.
Je rentre à Jakarta un peu déprimée de perdre une fois de plus mon job dans un pays qui a vu son taux de chômage et le nombre de faillites augmenter de façon vertigineuse ces derniers mois.
Fermer une entreprise qui marche bien, alors qu’il suffirait de supprimer la tête qui
coûte cher, c’est à dire la mienne, me met hors de moi.
L’Indonésie et l’Asie en général traverse une crise majeure. Depuis quelque temps, le
nombre de mendiants aux carrefours a décuplé. Les salaires n’ont pas augmenté
suite à la dévaluation de la roupie quand le panier de la ménagère lui a suivi
le dollar. Avec le chômage, non indemnisé, un salaire doit maintenant nourrir
deux à trois plus de bouches qu’avant pour un coût des matières de base
largement supérieur. La situation est explosive. Nous essayons d’aider à la
hauteur de nos moyens qui semblent dérisoires et ce ne sont pas les quelques
gros sacs de riz que nous distribuons aux organisations caritatives qui
changent la donne. Ca sert tout juste à nous donner un peu bonne conscience,
mais je peux au moins tenter de sauver mes employés qui ne retrouveront pas de
travail dans la conjoncture actuelle.
Quand mon chef vient nous rendre visite à Jakarta pour nous donner sa décision, ma lettre de démission est prête, retournée sur le bureau, et je la lui remettrai s'il persiste à vouloir fermer l'agence.
Dans ce pays volatile, il est hors de question que je me rende responsable de la perte de travail de deux expatriés et de quatre-vingt Indonésiens pour une compagnie pour laquelle je n'ai travaillé que trois mois.
Finalement le verdict tombe : Ils ont décidé de céder la compagnie à notre partenaire et m'offrent trois mois de bonus pour mon aide, en me laissant libre de continuer ou non de travailler sur cette période..
Je m'apprête de nouveau à partir à la chasse à l'emploi. Au moins mon CV est rapide à mettre jour cette fois.
Mais la situation du pays se dégrade rapidement et un
jour comme les autres, je suis au travail quand je reçois un coup de téléphone
de David me disant d’évacuer mon bureau immédiatement, Les émeutes de mai 98
viennent de commencer.
Heureusement, Jayadi est là et je l’appelle
immédiatement. Nous partons directement à l’école chercher les filles. Les
routes sont bondées en cette matinée, les gens ne savent pas vraiment ce qui se
passe mais n’ont qu’une seule idée en tête, récupérer les leurs et rentrer à
l’abri de la maison.
Jayadi s’arrête à cinq cent mètres de l’école, tout est
bloqué, on ne peut plus avancer. Je descends et finis la route au sprint. En
dehors de la circulation, tout semble calme, du moins dans ce quartier mais
l’angoisse me tord le ventre. Enfin, les portes de l’école. Beaucoup de
personnes bloquent l’entrée et je lutte pour ne pas devenir hystérique. Moi qui
n’ai jamais perdu mon sang-froid dans
les pires situations nigérianes, je pers tous mes moyens quand il s’agit de mes
filles.
J’arrive à faire signe aux maîtresses et mes enfants
parviennent à sortir.
Re-course dans le sens inverse pour rejoindre la voiture
qui a à peine bougé et nous pouvons enfin rentrer chez nous.
David m’appelle, il quitte le bureau et me rejoint mais
son frère, qui est également expatrié à Jakarta lui a demandé d’aller chercher
sa femme. Les réseaux téléphoniques sont complètement saturés et il ne peut pas
la contacter.
Quand nous arrivons chez elle, ma belle-sœur est occupée
à ses tâches quotidiennes sans se douter du drame qui se joue dans le pays.
Nous lui assenons la nouvelle et sans lui laisser le
temps de comprendre, nous l’embarquons,
sans bagage, juste munie des passeports de la famille, seule chose réellement
importante dans ses circonstances.
Enfin nous arrivons à la maison. Cela peut sembler
ridicule, mais j’ai l’impression d’être à l’abri ici.
Ma belle-sœur, sans nouvelle de son mari parti chercher
ses enfants à l’école britannique qui se situe en dehors de la ville, est dans
tous ses états.
Nous observons l’évolution de la situation à la
télévision. Les choses semblent vraiment sérieuses et pour la première fois de
ma vie, j’ai peur.
Mon beau-frère parvient finalement à nous contacter,
confirmant qu’il a bien réussi à récupérer ses enfants et est maintenant sur le
chemin du retour.
En fin d’après-midi, quand le reste de la famille rejoint
la maison, la tension descend brusquement de plusieurs degrés. Nous nous
organisons et tout le monde dort sur place, il est hors de question de quitter
le refuge de la maison, nous ne savons pas où se situent les émeutes.
Heureusement, nous avons de grosses réserves de
nourriture faites en prévision d’un tel événement, ce sont les bons réflexes du
Nigeria qui sont restés.
Le lendemain matin, tout semble calme. Un
répit ? Mon beau-frère en profite pour ramener sa petite famille.
Nous sommes en contact permanent avec l’ambassade de
France, d’une part et la société de mon mari d’autre part. Le mot d’ordre
général est d’évacuer. Les opérationnels doivent rester mais cette fois, je
suis contente de partir, je ne veux pas exposer mes filles.
Les émeutes ont commencé le jeudi. Le vendredi soir un
avion est affrété par BOITE pour évacuer quatre cents personnes sur Singapour.
Quatre cents dont nous ne faisons pas partie. Mon passeport est entre les mains
de l’agent pour renouveler le visa et nous n’avons pas réussi à le récupérer.
Les organisateurs ne peuvent pas se permettre de s’occuper du cas particulier
que je suis, et nous devons nous débrouiller seuls.
La situation devient critique. Les matins sont calmes,
mais les festivités reprennent tous les après-midi et continuent une bonne
partie de la nuit. Les Chinois qui sont la proie de la vindicte populaire. Il
leur est reproché principalement d’avoir réussi par leur dur labeur. Et pour un
Chinois richissime hors de portée, ils saccagent des dizaines de petites
épiceries et forcent des centaines de Chinois à abandonner toute une vie de
travail pour repartir sans rien. La plupart vendent leur voiture à l’aéroport
pour une bouchée de pain. Pour le moment, les émeutiers ne s’en prennent pas
aux autres expatriés mais personne ne peut prédire l’évolution de la situation
et nous devons absolument réussir à partir.
Le samedi matin, nous tentons une sortie. Les routes sont
complètement vides, l’impression de circuler dans une ville fantôme, avec les
immeubles en cours de construction abandonnés au début de la crise et de temps
en temps, au détour d’un carrefour, un char.
L’ambiance est pesante et nous arrivons enfin à l’ambassade.
Ils sont tous à leur poste, quel soulagement, comprennent
très rapidement la situation et me fournissent un nouveau passeport en moins
d’une demi-heure. Ils me promettent également de contacter Air France et
d’organiser notre évacuation dès que possible.
Nous rentrons plus sereins et en profitons pour observer
les alentours. Les rues sont encore désertes et nous distinguons parfois un
bâtiment calciné. Quand nous apercevons une banque brûlée à quelques centaines
de mètres de notre domicile, nous réalisons à quel point les émeutes sont
passées proches de nous.
A la maison, nous tuons le temps comme nous le pouvons,
entre les reportages en boucle de CNN et les cocktails devant la piscine. Nous
essayons de garder le moral afin de ne pas inquiéter les enfants. Elles ne se
rendent compte de rien. Elles sont plutôt contentes de ne pas aller à l’école
et d’avoir leurs parents à la maison à temps plein.
Le dimanche, le représentant d’Air France nous contacte
comme convenu. Il est abasourdi d’apprendre qu’une famille avec deux enfants en
bas âge soit encore ici et me promet que le prochain avion ne partira pas sans
nous.
Ils ont détourné un avion de ligne pour venir chercher
les derniers ressortissants, le lundi soir. Cela fait maintenant quatre jours
que nous vivons dans ce stress permanent. Nous quittons la maison tôt le matin,
quand la ville est encore calme. David nous accompagne à l’aéroport. Il y a
foule, il y a encore beaucoup de gens à évacuer.
Nous nous installons aussi confortablement que possible
et nous apprêtons à passer la journée à attendre. Le plus dur étant évidemment
d’occuper les filles.
Quand nous montons enfin dans l’avion, cela fait quinze
heures que nous avons quitté la maison. Auxquelles il faut rajouter une
vingtaine d’heures de voyage, y compris les escales.
Quand nous arrivons finalement en France, les chaînes de
télévision sont au rendez-vous. Exactement ce qu’il me fallait. Cela fait plus
de trente-cinq heures que nous sommes partis, j’ai passé une bonne partie de ce
temps à m’occuper de mes filles, sans parler du stress et du manque de sommeil
de ces derniers jours. Je laisse derrière moi mon mari et l’ensemble de nos
biens. On a beau me garantir que la sécurité de mon mari est assurée et qu’il
sera évacué si la situation s’empire, je suis très inquiète et regrette déjà
d’être partie. Aussi, quand me plantant une caméra en pleine figure, un
journaliste caché derrière son micro me demande pourquoi j’ai quitté Jakarta,
j’hésite entre le mépris, la colère ou l’ironie. Je choisis la dernière et lui
déclare être rentrée pour les soldes. Quelques questions idiotes suivies par
des réponses tout aussi idiotes plus tard il m’abandonne enfin pour se jeter
sur leur prochaine proie qui sera peut-être plus coopérative.
Un autre journaliste me guette, de radio cette fois, qui
me pose des questions de politique indonésienne, je reste quelques minutes
encore avant de parvenir à m’éclipser. Je suis épuisée, je veux juste rentrer
chez moi.
Les nouvelles sont plutôt positives. Suharto, le
dictateur indonésien, a démissionné sous la pression de la rue et la situation
semble revenir à la normale.
Nous nous sommes installés chez mon père et son amie,
mais la maison est petite, l’ambiance électrique et je n’ai qu’une envie,
rejoindre David, retourner à Jakarta.
Je harcèle le patron de David jusqu’à ce qu’enfin j’aie
l’autorisation de revenir. La plupart des familles en a profité pour rester en
vacance, maintenant que l’école est finie mais je veux rentrer. Je ne suis
pas chez moi en France, mon chez moi est là où se trouvent mon mari, mes
enfants et ma maison.
Au bout de deux semaine, nous obtenons enfin le feu vert.
Quand je rentre, la vie a repris ses droits et la situation est normale, avec
beaucoup moins d’expatriés. Mais ma situation professionnelle ne s’est pas
arrangée pour autant, j’ai un poste en sursis et la situation du travail s’est
tellement dégradée que mes chances d’en trouver sont quasiment nulles.
A quelques jours de là, David rencontre par hasard le directeur du personnel
régional de BOITE, lui mentionne mon retour et la perte de mon travail.
Celui-ci, me connaissant de réputation depuis le Nigeria, lui demande mon CV. C'était un vendredi. Le lundi j'ai deux entretiens dans leurs bureaux.
Ils m'offrent un poste de free lance. Le travail m'intéresse mais ce que je veux réellement, c'est un contrat. Quand je leur demande quelles seront les conditions pour que le travail se transforme en emploi véritable, le chef du personnel me dit que ça dépendra de la création éventuelle du poste et de mes compétences. Je lui réponds que je voudrais connaître les chances de création du poste car je ne doute pas de remplir la deuxième exigence, je suis la meilleure. Il rigole et me demande si j'ai suivi des formations pour les entretiens d'embauche. Et il m'offre le poste.
Comme d'habitude, j'étais prête à gâcher toutes mes chances pour un bon mot !
Je reviens chez BOITE !
Je passe les deux semaines qui suivent à finaliser mes plus gros projets en cours et à transmettre mes dossiers au partenaire.
Je refuse son offre de travailler à mi-temps pour mi-salaire, (concept
plutôt novateur dans le rôle de directeur d’agence) m’assure de l’avenir
de mes deux expatriés et m'accorde un week-end de congés avant de reprendre mon nouvel emploi.
Et voilà, de retour à la case de départ.
La fin de mes aventures ? Non, le commencement de nouvelles. Aujourd'hui je suis heureuse d'avoir réussi à rester en Indonésie. Après tout, j'ai réussi à trouver deux fois du travail en pleine crise asiatique, quand les boites ferment les unes après les autres.
Demain, il va falloir de nouveau aborder un nouveau travail, prouver ce que je vaux.
Mais demain sera un autre jour.
Conclusion / Réflexions
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